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Lutter en vain contre la
dispersion et s'y vautrer ensuite. Copeaux épars des lettres et des mots.
Sciures du temps qui passe. Et déchanter.
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Revenir péniblement à
ses moutons, avoir enfin de la suite dans les idées. Ne plus fuir la logique
amère et les chronologies. Car enfin, c'e
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st là la différence
entre l'image et l'écrit. Cette lecture qui parcourt les lignes obligatoires.
Première contrainte. Qu'elle soit, suivant
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les langues, horizontale
ou verticale, peu importe. Alors que l'oeil, sur l'image, vagabonde à son
gré. Les peintres le savent, qui tentent
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de guider l'oeil, par
des astuces et ruses de lignes cachées, dites de composition, comme on dit
d'une musique, comme on disait à l'école, p
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our ces devoirs de
français où on vous demandait innocemment de raconter vos dernières
vacances. Comme si les vacances étaient toujours clai
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res, limpides et sans
désastres privés. Arrivée là, perdue, il faut que je relise le tout début,
sachant simplement qu'il était question de
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ce qui, ici, se met en
acte : la tendance inexorable de mon être de langage - si c'était seulement
de langage - à la dispersion. Suivre un p
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lan, cette douleur.
Prévoir le plan, organiser les séquences de sa vie et se soumettre à cette
loi qu'on s'est donné soi-même. Comme si la l
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oi qu'on se donnait,
suscitait plus d'obéissance que des lois imposées par d'autres. Bâtir le
plan de son œuvre. Et pourquoi ? Se soumettre.
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On reproche en
général, les errements et l'errance. On veut des territoires et des
frontières jusque pour l'écriture. On borne et on limite.
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On encadre, on quadrille
comme on fait des cahiers où même si les lignes ne sont plus, la pensée
installe leurs images mentales sur les feui
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lles vierges encore. Le
point est-il la borne ultime ?
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Ensuite, on se pose la
question suivante, le point de la fin est-il - de cet écrit - le point final.
Que se passe-t-il en réalité après lui.
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Une fois le livre fermé
- lorsque livre il y avait - le livre est-il vraiment fini, ou bien se
permet-il de se continuer dans l'esprit du le
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cteur. On invente alors
pour des élèves, ces cobayes de
tout temps des exercices : inventez donc une suite après ce point apparemment
final,
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et qui, pour le coup, ne
le serait plus. Faites du point final de l'auteur, un point de suspension, un
point virgule ou même une simple virg
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ule. Et poursuivez,
comme si le point final n'achevait rien. Niez que ce point marque une fin.
Avouez que le point n'est pas une fin en soi.
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Il est possible d'en
contester la validité ou même le sens. On sait, depuis Saussure, l'arbitraire
du signe. Le point, et le point final mal
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gré l'évidence du sens
qui s'y attache - celui de mettre fin justement - n'échappe pas à cette
règle élémentaire de la linguistique moderne.
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Le point est aussi
arbitraire que tout autre signe de la langue. Le point est une invention
relativement récente ainsi que cette espace qui
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s'est imposée pour
séparer astucieusement chaque mot de son précédent et de son prochain,
séparant ainsi le parler ( qui a tendance à tout l
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ier ) de l'écrit qui
fait exactement le contraire. Avouez que, comme moi, vous avez encore égaré
vos moutons. Il est donc temps de faire une
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pause. Temps de
s'interrompre et de reprendre dérechef, du début, de revenir sur ses pas,
pour suivre le fil d'une pensée qu'on a peut- être
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mais, est-ce si sûr,
égarée. Rappelez moi, de quoi je vous parlais. Soyez aimable. Votre attention
m'importe et m'aide à faire des liens qui
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sans vous ne seraient
plus depuis longtemps. Car, de fait, c'est peut-être - oui je doute- l'autre
imaginaire ou réel, imaginaire et réel,
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qui fait, dans le
langage, la cohérence, la presque cohésion, de chacun. Jargonner seul est le
risque. Se comprendre et ça suffit, la vraie
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limite. En finir
n'importe où, n'importe quand, n'importe comment. Mais que veut dire
l'éternel inachevé... Sinon une multiplication de poin
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ts finaux pas si malins
que ça. Car, on le sait, la mort réduit, de fait, les points de suspension à
leur plus simple expression, résolvant
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ainsi, l'équation
fatale et interrompant toute dispersion de langage pour commencer la dispersion
des corps, dont elle est presque synonyme.
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Titre ( le titre vient
toujours à la fin ) Le point comme métaphore.
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Le point final comme
métaphore.
Chacun mesurera les avantages de cette méthode pour éviter le schisme qui se profile entre partisans d'une contrainte 140 pure et dure et ceux qui préfèrent se vautrer dans un peu plus de mollesse.