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Je jette les boutons de
roses fanées
couleurs de poussière
et de terres brûlées
Je jette la mort
et la brûlure des
paupières closes
le feu des solitudes
le feu au coeur des
solitudes amères
les pleurs qui n'en
sont plus
Les vieilles hésitations
de la main
Les tremblements
Je jette les insomnies
et les regrets
Les actes
qui n'auraient pas
dû être
Les paroles non dites
et les cieux délaissés
Je jette la tristesse
et l'amour - son parent le
plus proche
Je jette les liens brisés
et les colères
Je jette les mascarades
les projets avortés
ceux remis à plus tard
toujours plus tard
encore
Je les jette aussi
Je jette les moisissures
sur les robes aimées
les fuites éperdues
les élans inutiles
L'encrier du malheur
Je jette
les poèmes oubliés
la rouille des secrets
(Je jette les regrets)
Je jette les feuilles
imprimées
des massacres du monde
l'impossibilité
d'arrêter
les massacres
et nos peines
Je jette
l'incandescence
des joies illusoires
Je jette ces petits pas
sur un chemin d'espoir
Je jette la vie
aux loups
qui la dévorent
Je jette l'idée d'une
maternité douce
Je jette l'attente
Je jette les reproches
Je jette les reproches tus
et les reproches dits
Je jette l'oubli de nos
fraternités
Je jette aussi les soeurs
en rivalité
Je jette jusqu'à la trace
de ces admirations
vaines
Je jette le meurtre
Je jette la réalité des
choses
même les restes de
tendresse cachées
Je jette jusqu'à
l'indifférence
d'aimer
Je jette la chûte
et la redemption
Je jette la vénération
absolue
de l'homme idéal
Je jette l'homme idéal
Je jette l'Idée
Je jette les bateaux en
partance
paquebots, bâtiments blancs
et leur sillage dans l'eau
grise
Je jette les ailleurs de
l'exil
les ailleurs de l'espoir
des lendemains qui chantent
Les ailleurs désirés
et les ailleurs haïs
Je jette aussi les lieux
d'ici
des mêmes exils
et des mêmes desespoirs
Je jette infiniment les
roses
fanées.
LB le 4 septembre 2011